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Le Paradoxe
29 avril 2013

Larme Loin des oiseaux, des troupeaux, des

Larme

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Je buvais, accroupi dans quelque bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Par un brouillard d’après-midi tiède et vert.

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert.
Que tirais-je à la gourde de colocase ?
Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer.

Tel, j’eusse été mauvaise enseigne d’auberge.
Puis l’orage changea le ciel, jusqu’au soir.
Ce furent des pays noirs, des lacs, des perches,
Des colonnades sous la nuit bleue, des gares.

L’eau des bois se perdait sur des sables vierges
Le vent, du ciel, jetait des glaçons aux mares…
Or tel qu’un pêcheur d’or ou de coquillages,
Dire que je n’ai pas eu souci de boire !

( Arthur Rimbaud - Mai 1872)

Larme


Tear

Far away from birds and herds and village girls,
I was drinking, kneeling down in some heather
Surrounded by soft hazel copses,
In an afternoon mist, warm and green.

What can I have been drinking in that young Oise,
Voiceless elms, flowerless turf, overcast sky.
What did I draw from the gourd of the wine?
Some golden liquor, pale, which causes sweating

Such as I was, I should have made a poor inn-sign.
Then the storm changed the sky, until the evening.
It was black countries, lakes, poles,
Colonnades under the blue night, railway stations.

The water from the woods trickled away into virgin sands
The wind, from the sky, threw sheets of ice across the ponds...
But! like a fisher for gold or shellfish,
To think that I did not bother to drink!

( Arthur Rimbaud - Mai 1872)

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