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Le Paradoxe
5 mai 2013

Romance de la garde civile espagnole Ils montent

Romance de la garde civile espagnole

Ils montent de noirs chevaux
dont les ferrures sont noires.
Des taches d'encre et de cire
luisent le long de leurs capes.
S'ils ne pleurent, c'est qu'ils ont
du plomb au lieu de cervelle.
Avec leur âme en cuir verni
par la chaussée ils s'en viennent.
Nocturnes et contrefaits
là où ils vont ils ordonnent
des silences de gomme obscure
et des pleurs de sable fin.
Ils passent, s'ils veulent passer,
cachant au creux de leur tête
une vague astronomie
de pistolets irréels.

Ô la ville de gitans !
Au coin des rues, des bannières.
La lune et la calebasse
et la cerise en conserve.
Ô la ville des gitans,
qui jamais peut t'oublier ?
Ville de douleur musquée
avec des tours de cannelle.

Comme descendait la nuit,
la nuit la nuit tout entière,
les gitans à leurs enclumes
forgeaient flèches et soleils.
Un cheval ensanglanté
frappait aux portes muettes.
Des coqs de verre chantaient
à Jerez de la Frontière.
A l'angle de la surprise
le vent nu tourne soudain
dans la nuit d'argent de nuit,
la nuit la nuit tout entière.

La Vierge et saint Joseph
ont perdu leurs castagnettes.
Ils vont prier les gitans
de se mettre à leur recherche.
La Vierge avance habillée
d'un costume d'alcaldesse
en papier de chocolat
et colliers d'amandes vertes.
Saint Joseph remue les bras
sous sa cape de satin
suivi de Pedro Domecq
avec trois sultans de Perse.
La demi-lune songeait
dans une extase d'aigrette.
Les terrasses s'emplissaient
d'étendards et de lanternes.
Et des danseuses sans hanches
à leurs miroirs sanglotaient.
L'eau et l'ombre, l'ombre et l'eau
à Jerez de la Frontière.

Ô la ville des gitans !
Aux coins des rues des bannières.
Voici la Garde civile.
Eteins tes vertes lumières.
Ô la ville des gitans !
Qui jamais peut t'oublier ?
Laissez-la loin de la mer
sans peigne à ses longues tresses.

Ils avancent deux par deux
vers la ville de la fête.
Une rumeur d'immortelles
envahit les cartouchières.
Ils avancent deux par deux.
Double nocturne de toile.
Le ciel pour leur fantaisie
n'est qu'un bazar d'éperons.

La ville multipliait
ses portes, libre de crainte.
Quarante gardes civils
pour la piller y pénétrèrent.
Les horloges s'arrêtèrent
et le cognac des bouteilles
se camoufla en novembre
pour que nul ne le suspecte.
Une volée de longs cris
jaillit dans les girouettes.
Les sabres fendent les brises
que les lourds sabots renversent.
Par les chemin de pénombre
s'enfuient les gitanes vieilles
avec leurs chevaux dormants
et leurs jarres de piécettes.
Au haut des rues escarpées
grimpent les capes funèbres,
faisant reluire fugaces
des moulinets derrière elles.

Les gitans se réfugient
au portail de Bethléem.
Saint Joseph, couvert de plaies,
enterre une jouvencelle.
Des fusils perçants résonnent,
toute la nuit, obstinés.
La Vierge applique aux enfants
de la salive d'étoiles.
Pourtant la Garde civile
avance en semant des flammes
dans lesquelles, jeune et nue,
l'imagination s'embrase.
Rosa, fille des Camborios,
gémit, assise à sa porte,
devant ses deux seins coupés
et posés sur un plateau.
Et d'autres filles couraient,
poursuivies par leur tresses,
dans un air où éclataient
des roses de poudre noire.
Lorsque toutes les terrasses
furent des sillons en terre,
l'aube ondula des épaules
en un long profil de pierre.

Ô la ville des gitans !
La Garde civile se perd
dans un tunnel de silence
tandis que les flammes t'encerclent.

Ô la ville des gitans !
Comment perdre ta mémoire ?
Qu'on te cherche dans mon front.
Jeu de lune et jeu de sable.

( Federico García Lorca, 1928 )

Garde civile espagnole


Mance de la guardiacivil espanola

Los caballos negros son.
Las herraduras son negras.
Sobre las capas relucen
manchas de tinta y de cera.
Tienen, por eso no lloran,
de plomo las calaveras.
Con el alma de charol
vienen por la carretera.
Jorobados y nocturnos,
por donde animan ordenan
silencios de goma oscura
y miedos de fina arena.
Pasan, si quieren pasar,
y ocultan en la cabeza
una vaga astronomía
de pistolas inconcretas.

¡Oh ciudad de los gitanos!
En las esquinas banderas.
La luna y la calabaza
con las guindas en conserva.
¡Oh ciudad de los gitanos!
¿Quién te vió y no te recuerda?
Ciudad de dolor y almizcle,
con las torres de canela.

Cuando llegaba la noche,
noche que noche nochera,
los gitanos en sus fraguas
forjaban soles y flechas.
Un caballo malherido,
llamaba a todas las puertas.
Gallos de vidrio cantaban
por Jerez de la Frontera.
El viento, vuelve desnudo
la esquina de la sorpresa,
en la noche platinoche
noche, que noche nochera.

La Virgen y San José
perdieron sus castañuelas,
y buscan a los gitanos
para ver si las encuentran.
La Virgen viene vestida
con un traje de alcaldesa,
de papel de chocolate
con los collares de almendras.
San José mueve los brazos
bajo una capa de seda.
Detrás va Pedro Domecq
con tres sultanes de Persia.
La media luna, soñaba
un éxtasis de cigüeña.
Estandartes y faroles
invaden las azoteas.
Por los espejos sollozan
bailarinas sin caderas.
Agua y sombra, sombra y agua
por Jerez de la Frontera.

¡Oh ciudad de los gitanos!
En las esquinas banderas.
Apaga tus verdes luces
que viene la benemérita.
¡Oh ciudad de los gitanos!
¿Quién te vio y no te recuerda?
Dejadla lejos del mar,
sin peines para sus crenchas.

Avanzan de dos en fondo
a la ciudad de la fiesta.
Un rumor de siemprevivas
invade las cartucheras.
Avanzan de dos en fondo.
Doble nocturno de tela.
El cielo, se les antoja,
una vitrina de espuelas.

La ciudad libre de miedo,
multiplicaba sus puertas.
Cuarenta guardias civiles
entran a saco por ellas.
Los relojes se pararon,
y el coñac de las botellas
se disfrazó de noviembre
para no infundir sospechas.
Un vuelo de gritos largos
se levantó en las veletas.
Los sables cortan las brisas
que los cascos atropellan.
Por las calles de penumbra
huyen las gitanas viejas
con los caballos dormidos
y las orzas de monedas.
Por las calles empinadas
suben las capas siniestras,
dejando detrás fugaces
remolinos de tijeras.
En el portal de Belén
los gitanos se congregan.
San José, lleno de heridas,
amortaja a una doncella.
Tercos fusiles agudos
por toda la noche suenan.
La Virgen cura a los niños
con salivilla de estrella.
Pero la Guardia Civil
avanza sembrando hogueras,
donde joven y desnuda
la imaginación se quema.
Rosa la de los Camborios,
gime sentada en su puerta
con sus dos pechos cortados
puestos en una bandeja.
Y otras muchachas corrían
perseguidas por sus trenzas,
en un aire donde estallan
rosas de pólvora negra.
Cuando todos los tejados
eran surcos en la tierra,
el alba meció sus hombros
en largo perfil de piedra.

¡Oh, ciudad de los gitanos!
La Guardia Civil se aleja
por un túnel de silencio
mientras las llamas te cercan.

¡Oh, ciudad de los gitanos!
¿Quién te vio y no te recuerda?
Que te busquen en mi frente.
juego de luna y arena.

( Federico García Lorca, 1928 )

 

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